Les dos intriguent, interpellent, parlent…Qui se cache derrière cette silhouette imposante ? Quel est le visage de cette femme si élégante ? Comment la vie a-t-elle pu l’user à ce point ? Les dos expriment souvent à leur insu les parcours de vie de chaque passant que je rencontre dans les rues. Voutés, souples, élancés, courbés, fragiles, raides ils expriment ce que nous sommes.

La manière dont nous nous déplaçons permet aux dos de s’exprimer. Selon la démarche propre à chacun, les dos nous parlent différemment. Le langage du dos apparaît au moment même où une personne se met en mouvement. Tantôt les dos dodelinent gaiement dans des corps encore vaillants. Tantôt, ils oscillent péniblement, comme attirés par l’attraction terrestre chez les vieux qui marchent d’un pas lourd. Parfois, ils se noient dans des vêtements trop grands chez certains passants qui se déplacent sur la pointe des pieds comme des danseurs. Tête baissée dans le métro ou sur le chemin du travail, il arrive souvent que les dos parisiens évitent toute interaction avec le monde extérieur et déambulent comme des fantômes dans la ville. On rencontre aussi au détour des dos qui n’ont pas vraiment de posture, des dos qui se cherchent, qui ont l’air occupés, dos de piétons qui ont leur téléphone à l’oreille.

Prolongements, ballants, fatigués, tendus les bras apportent aux dos leur expression finale. Par exemple les marcheurs, bras derrière le dos, nous font penser qu’ils sont dans leurs pensées. Au contraire, des bras croisés devant en hiver, nous font ressentir combien les dos que vous voyons sont pétrifiés par le froid.

Les dos en disent long sur les passants, au photographe.