La porte qui mène au paradis

Pendant trois ans (de 2015 à 2017), je me rends dans les Asiles psychiatriques de Madagascar, véritables villages aménagés pour les malades mentaux.

Du sud au nord du pays, je visite de nombreux villages. Je constate que les soins appliqués diffèrent d’un endroit à l’autre en fonction des moyens financiers de chaque établissement mais aussi des initiatives personnelles des pasteurs, des villageois et des familles.

Chaque village essaie selon les coutumes locales, sans véritable orientation nationale, de répondre au mieux aux besoins d’une population démunie face à la maladie mentale. A Soatanana au centre de Madagascar par exemple, chaque villageois accueille un ou deux malades au sein de sa famille dans des lieux qui m’ont semblé chaleureux et bien tenus. Il m’a d’ailleurs été difficile de faire la différence entre malades et membres de la famille. Dans d’autres villages des « mpiandry » ou bergers blancs drapés de blancs tentent de chasser les mauvais esprits chez les malades. Des mpiandry qui terminent leurs séances de guérison par l’imposition des mains : visages graves, comme des guerriers après le combat, ils posent leurs mains sur la tête des malades et les bénissent.

Ces villages sont la marque de la compassion d’une société malgache démunie qui s’incarne à travers des pratiques mystiques. Tentative de vaincre la peur de l’inconnu, et notamment la peur de la maladie mentale. Mais aussi expression dans ces villages de la générosité au quotidien d’hommes et de femmes.

christian Barbé, Madagascar novembre 2018